22/03/2014

Les gens heureux en 2014

 

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Oui les gens heureux, ils existent, malgré la morosité du temps. Et dans un petit tour de France que je m'accorde chaque année, j'en ai rencontré quelques-uns, de tous les âges et de toutes les conditions sociales, en province comme à Paris.

Ainsi, j'ai connu Bernard, un petit commerçant de l'Ariège, qui pratique le ski de fond dans ses moments de loisirs. Bien détendu derrière son étal de boucher-charcutier, il apprécie le très bon contact de ses clients, le calme de son village, et la beauté des paysages montagneux qui constituent son environnement quotidien.

Jérôme est professeur des écoles depuis plus de 20 ans. Il préfère se dénommer lui-même « instituteur », ce mot lui semblant plus proche des valeurs de la vieille école républicaine. Son univers, c'est sa classe avec les enfants qu'il instruit, mais c'est aussi l'amitié qu'il lie avec eux et qui perdure souvent bien au-delà du parcours scolaire. Jérôme ne se lasse jamais de répéter qu'il découvre des moments exceptionnels dans ce métier d'enseignant, parfois difficile certes, mais toujours enrichissant à chaque heure de l'existence.

Sylvie est artiste peintre. Elle vit en Touraine, dans une jolie maisonnette située à l'orée d'une forêt qu'elle considère magique et mystérieuse. Le bonheur, il est au bout de ses pinceaux et de ses toiles. Son mari, Dominique est sculpteur sur bois. Le couple connaît une harmonie sans failles dans leurs arts respectifs, de l'aube jusqu'au soir rougeoyant, quand le soleil illumine l'horizon de ses derniers rayons.

Depuis sa petite jeunesse, Michel a une passion qu'il partage avec quelques amis : le vélo. Chaque jour, après son travail, quand le temps le permet, il part s'entraîner sur les routes départementales de sa région. Puis, au cours de l'année, il participe à de nombreuses compétitions d'amateur qu'il vit toujours avec une immense joie, quand bien même parfois, le résultat escompté n'est pas au rendez-vous.

Patricia est journaliste dans un hebdomadaire régional. Son job, c'est l'écriture et les reportages qu'elle réalise auprès des gens simples, ceux que l'on côtoie chaque jour au détour d'une rue ou dans un lieu public. Inutile de lui demander si son métier lui plaît : Elle en parle tellement avec entrain, que l'on pourrait rester des heures à écouter les plus belles histoires qu'elle a connues au fil du temps.

François est avocat depuis trente ans. Il ne fait pas partie de ceux dont les noms s'affichent chez les grands médias, mais appartient plutôt à une catégorie professionnelle plus discrète qui défend dans une pure simplicité les litiges entre particuliers, mais aussi quelquefois certains petits délinquants loin de la voyoucratie, mais qui ont dérapé un jour au hasard d'un événement malheureux. Il aime sa profession à un tel point qu'il avoue n'avoir jamais envisagé le temps où il sera en âge de prendre sa retraite.

André est devenu agriculteur à 16 ans. Aujourd'hui, il approche de la quarantaine et fait un premier bilan de ses activités : la culture du blé et du maïs, et en parallèle l'élevage de bovins.

Il admet qu'il travaille beaucoup pour un revenu bien faible. Sans compter l'absence de loisirs et de repos du fait que les soins permanents du bétail ne lui laissent aucun répit dans sa vie quotidienne. Bernadette sa femme, partage elle aussi, cette dure existence. Cependant, le bonheur ne les a pas lâché. Et même, si le quotidien n'est pas toujours rose, leur humeur reste joyeuse pour deux raisons essentielles : ils s'aiment comme au premier jour ; ils possèdent un immense attachement à la terre et plus généralement au milieu rural.

Gilles demeure à Paris. Il a connu et il connaît encore le chômage avec sa dureté et ses longues attentes d'un hypothétique emploi. Malgré cette incertitude de tous les jours, il connaît certains moments de détente, voire de bien-être en flânant dans les rues de Montmartre ou du quartier latin avec un moment privilégié le matin, quand il va déguster un petit noir dans un vieux bistrot de quartier.

J'arrête ici ma liste de mes « gens heureux » qui est très loin d'être exhaustive. Je connais beaucoup d'autres personnes, hommes ou femmes qui détiennent le bonheur ou tout au moins une fraction de celui-ci. Et ce bonheur, chacun de nous peut l'aborder et le posséder. Il s'agit de le vouloir et surtout d'y croire.

Contrairement à ce que pensent certains, l'enchantement et le plaisir ne sont pas liés au luxe ou à la fortune. En fait, les petits bonheurs sont ceux qui nous entourent à chaque instant, ceux que nous créons, et ceux qui nous viennent de nos proches, de nos parents ou de nos amis. Sans oublier aussi l'affection rustique d'un animal familier qui peut partager nos joies et nos peines dans le silence, tout au long des heures et des jours de notre vie.

« Les gens heureux n'ont pas d'histoire » nous explique le proverbe. En ces temps difficiles, il devrait faire réfléchir toutes les personnes qui dépriment sans raison majeure, comme celles qui pensent que le bonheur n'est pas à leur portée.

Si la France ne va pas bien aujourd'hui, c'est à cause des graves maux liés aux problèmes existants, et notamment à celui du découragement du peuple français qui n'arrive plus à faire surface.

Alors, il faut largement considérer que les joies ne viennent pas automatiquement de l'argent facile ou de libertés démesurées, mais plutôt d'une volonté à goûter les petits plaisirs que chacun peut que se faire à chaque moment de l'existence. Quand on atteint cette philosophie, on est alors pleinement heureux, et le futur devient tout d'un coup nettement plus positif et particulièrement serein.

Et à partir de cet instant, c'est l'avenir de tous les citoyens qui s'illumine, mais aussi celui de notre si beau pays la France qui attend maintenant une envolée nouvelle avec un immense rayonnement de la Nation dans le Monde.

Pierre-Alain Reynaud

Philosophe

http://www.pierre-alain-reynaud.com/